La Saint Valentin est mondialement admise comme la fête des amoureux. Et qui dit amour parle évidement de couple. C’est ainsi que sur le plan individuel ou collectif, il est parfois envisageable d’être en couple pour accomplir certaines actions. Au Togo, au fil des temps, s’est noué des couples surtout sur le plan politique. Nous vous proposons de faire un petit tour d’horizon sur ces couples politiques qui ont marqué l’histoire des deux dernières décennies de vie politique du Togo.

La récente vie politique de ces derniers temps est marquée par des histoires de couple avec des fortunes diverses.

LES COUPLES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE

Cette histoire a commencé avec le processus démocratique du début des années 1990. La Conférence nationale souveraine était le détonateur. Elle avait mise en place des institutions de transition chargées de conduire le pays jusqu’à l’organisation des élections.

A la tête de chacune de ces institutions des personnalités aux styles et tempéraments différents et bien trempés. On inaugurait l’exécutif avec deux têtes incarnées par le Président de la République, Gnassingbé Eyadema et un Premier ministre élu par la conférence en la personne de l’avocat Joseph Kokou Koffigoh. Quand au pouvoir judiciaire, il était détenu par le Haut conseil de la République incarné par le prélat Philippe Fanoko Kpodzro.

Comme on pouvait s’y attendre le tandem Koffigoh-Kpodzro issu de la Conférence fonctionnait bien jusqu’au coup de force du 03 décembre 1991.

A la suite de ce coup, Koffigoh abandonné et accusé de trahison par ces camarades de lutte de l’opposition a été isolé par cette dernière. On avait même proposé un autre Premier ministre du nom d’un certain Sanvee de Tové pour le remplacer sans succès.

Le divorce consommé entre lui et l’opposition, pour sauver son poste, Koffigoh a vite fait de se détacher du couple qu’il formait avec Kpodzro pour appuyer sur le Général-président. Son fauteuil sauvé, il a formé un duo avec Eyadema qui ne voulait pas appliquer des décisions issues de cette conférence nationale. Avec un Koffigoh a ses côtés et devenu son garçon de course, Eyadema a mis un frein à la transition.

Mgr Kpodzro, esseulé devant ce nouveau couple Eyadema-Koffigoh formé, ne pouvait à lui seul malgré une assemblée de transition largement acquise à la cause démocratique prendre l’initiative d’appliquer les décisions de la conférence. Les donnes sur les terrains plaident à sa défaveur. D’ailleurs, la séquestration des hauts conseillers de la République et les supplices infligés à l’ancien archevêque d’Atakpamé ont fait taire toutes velléités d’affronter le Général qui pouvait s’adosser sur une armée entièrement acquise à sa cause.

Cette ambiance fait de méfiance et de suspicion fera capoter la transition démocratique. Le vieux Général rusé a repris le la contrôle de la situation. Elle ne lui a d’ailleurs échappé qu’en l’espace d’environ 1 an. Le temps pour lui de préparer la riposte qui a été somme toute foudroyante. Elle a certainement tétanisé jusqu’à présent l’opposition qui n’arrive pas réellement à se relever.

Durant cette traversée du désert de l’opposition, d’autres couples se sont noués entre les partis de l’opposition sans grand succès.

LE COUPLE ANC-FRAC

Mais il faut attendre les dernières élections présidentielles de mars 2010 pour voir se former de nouveau un couple digne de ce nom sur le paysage politique togolais susceptible d’inquiéter le pouvoir en place.

Il s’agit du couple ANC-FRAC. Il est né pendant les échéances électorales de mars 2010. Ses initiateurs se sont assignés pour mission de revendiquer et obtenir la victoire de Jean-Pierre Fabre, le candidat de l’UFC à cette élection.

Les moyens pour y parvenir étaient les marches. Si ces marches ont fait plier des régimes sous d’autres cieux, il faut compter avec le contexte particulier togolais avec une armée largement favorable au système empêchant le basculement de la situation en faveur des masses populaires.

« L’erreur de cette opposition est de vouloir combattre un régime dictatorial presque cinquantenaire avec des armes démocratiques comme si le pays était déjà en démocratie », note un observateur.

Près de 3 ans bientôt, l’opposition arpente toujours les rues de la capitale, avec des revendications qui sont devenues au fil des mois un fourre-tout.

La reconnaissance de la victoire du candidat de l’UFC devenue presque impossible à réaliser près de 3 ans après, il ne reste qu’à ces initiateurs à s’illustrer pour se voir inscrits dans le livre des records de Guinness.

LE COUPLE RPT-UFC

A côté du couple ANC-FRAC s’est également constitué un autre, le couple RPT-UFC toujours dans la foulée de ces élections.

Avec beaucoup plus de succès ? Nous ne saurons le dire. De toutes les façons, l’une des conséquences de cette alliance est l’entrée pour la première fois de l’UFC, longtemps considérée comme un parti radical, dans un gouvernement dit de large consensus.

Hormis cela, il faut reconnaitre que ce couple aussi a déçu les attentes de plus d’un notamment dans les rangs de ces ardents défenseurs au premier chef, Me Djovi Gally qui l’a récemment critiqué vertement avant de claquer la porte de sa formation.

La promesse d’un accouchement des réformes après six mois de mariage a plutôt abouti à une fausse couche ou s’est plutôt révélé comme un poisson d’avril.

Mais le plus grave pour ce couple est la disparition d’un des partenaires en avril 2012, deux ans après le mariage contre nature. N’oubliez pas que le père d’un des contractants a été assassiné par le géniteur de l’autre.

Et comme nous sommes en Afrique, le lévirat est autorisé. A la disparition du RPT, la veuve UFC, a été confiée au frère siamois du disparu, UNIR pour continuer à encore« baiser » ce parti jusqu’aux élections prochaines avant de lui fait subir l’affront de la répudiation.

LE COUPLE CST-FRAC

Pour freiner l’élan du couple UNIR-UFC ou pour qu’il ne se prenne pas en territoire conquis, une nouvelle alliance verra le jour.

Il s’agit du couple CST-FRAC ou couple CST-ANC c’est selon avec pour stratégie « on ne change pas le cheval qui perd ».

Ce nouveau couple aussi utilisera les mêmes stratégies de marches auxquelles le pouvoir a vite fait de s’accommoder.

On notera cependant que l’une d’entre elles a connu un succès retentissant le 12 juin 1012. Mais le reste a fait pschitt !!!

LE COUPLE CST-ARC-EN-CIEL

Pour redynamiser les actions du couple CST-FRAC, l’hypothèse d’adjoindre une seconde épouse à ce couple a été admise. C’est ainsi qu’on est allé chercher la Coalition Arc-en-ciel.

Mais l’égoïsme et la défense des intérêts personnels des uns et des autres feront capoter ce couple seulement le temps de deux manifestations.

Aujourd’hui, il est évident que la rupture est consommée entre ces deux organisations qu’est le CST-Arc-en-ciel.

Ainsi se résume l’histoire des couples au Togo ces dernières années.

En conclusion, il est clair que le Togo a connu beaucoup de couples politiques sans qu’aucun n’est en mesure de satisfaire les aspirations profondes du peuple togolais à savoir les respects de ses droits primaires.

C’est là où tous ont échoué car la misère prend des proportions galopantes et le peuple silencieux à l’impression que les acteurs politiques ne lisent pas la souffrance sur son visage et ils continuent de jouer leur jeu malsain.

(Crédit photo : google)

Albert AGBEKO